Eau et agriculture : responsabilité et innovation !

Publié le mardi 5 septembre 2023

La France, pays tempéré et arrosé, sera plus aride. Selon les experts, l’humidité des sols devrait se réduire de 20% d’ici à 2070, le débit moyen des cours d’eau baisser de 10 à 40% d’ici 2050 et le niveau des nappes phréatiques diminuer de 10 à 25%. Certes le secteur de l’agriculture est le premier consommateur d’eau avec 58% des prélèvements nets, pour une surface totale agricole utile de 6,8%, et une augmentation des surfaces irriguées de 14,6%. Mais il est également celui qui fournit notre nourriture quotidienne et une partie de celle des pays les plus fragilisés en besoins alimentaires. Or, la sécheresse s’ajoute aux difficultés économiques et sociales, à certaines surtranspositions des règles environnementales européennes en droit français, à la cessation d’activité de nombreux exploitants, en conventionnel ou bio, ou à la perte de productions fruitières du fait des changements climatiques. Faire face à ces défis nécessite des mesures réfléchies et responsables dénuées de démagogie, d’incompétence et de méconnaissance des réalités agronomiques, et bien sûr des violences et destructions d’aménagements agricoles par des mouvements dits « écologistes » et des extrémistes au nom d’un « anticapitalisme infantile » ! D’ailleurs, les agriculteurs sont en très grande majorité déjà engagés dans la lutte contre le réchauffement climatique, les gaz à effet de serre, notamment par des efforts en développement de la méthanisation, en maintien des prairies permanentes et d’élevage, véritables puits de carbone, en réductions des intrants et engrais de synthèse quand cela est possible par l’usage de moyens plus naturels … Il va falloir évidemment recourir davantage encore à des solutions qui économisent l’usage de l’eau et renforcent la résistance à la sécheresse :

Ainsi, l’irrigation : l’aspersion par le goutte-à-goutte sous faible pression – pouvant être maximisée par l’utilisation du numérique (développée par l’INRAE) – économisant 10 à 30% d’eau en grandes cultures, 20 à 25% en arboriculture, 5 à 15% en maraîchage de plein champ …
Ainsi la conservation de l’eau dans les sols : l’agroforesterie et la plantation de haies, la restauration des zones humides, la limitation du travail des sols et leur paillage avec apport de matières organiques, la diversification des cultures …
Ainsi également le captage et le stockage de l’eau : les retenues collinaires interceptant les eaux de ruissellement, les retenues en barrage sur les cours d’eau, les réserves alimentées par pompage dans la nappe ou la rivière en période notamment hivernale. Elles sont destinées à toutes les cultures, conventionnelles ou bio – et pas seulement à la monoculture du maïs ou de quelques « gros exploitants privilégiés » comme le martèlent sans aucun fondement des organisations extrémistes qui se plaisent d’ailleurs à détruire ces aménagements essentiels à l’agriculture ! Car l’irrigation agricole ne représente que 1,1% des eaux de pluie. La création de réserves d’eau de « substitution » – soumises à un parcours décisionnel et à des critères réglementaires stricts – permet d’accroître l’eau disponible en matière agricole sans réduire l’eau pour les autres besoins de la société ; au contraire puisque ce sera même le moyen de reverser de l’eau là où l’étiage, débit minimal d’un cours d’eau, est découvert.
Ainsi aussi la réutilisation des eaux usées traitées : qu’elle soit indirecte par le prélèvement d’eau d’un cours d’eau ou dans la nappe alluviale, alors qu’en amont une station d’épuration a rejeté les eaux usées après traitement ; qu’elle soit directe en ne rejetant pas l’eau usée dans une rivière après traitement mais à la réinjectant de suite dans un réseau pour usage d’irrigation (ou autre usage bien sûr). Dans ce domaine, le Président de la République veut que 10% de ces eaux soient réutilisées d’ici 2030, contre moins de 1% aujourd’hui (91% en Israël, 14% en Espagne, 8% en Italie ! …), sachant que ce procédé est une solution pour économiser également la qualité des eaux, valoriser les nutriments à des fins agronomiques et préserver l’environnement ; il est particulièrement adapté, tout en en maîtrisant les risques sanitaires possibles, aux zones côtières ou aux territoires sujets aux pollutions de certains écosystèmes.
Ainsi en matière de sécheresse, la résistance des cultures, la sélection variétale et l’innovation : en premier lieu, bien sûr il s’agit selon les cultures d’avancer la date des semis ; d’associer céréales et légumineuses, optimisant l’utilisation des ressources du sol et limitant l’évaporation de l’eau par une couverture plus dense, ou la succession par exemple de céréales selon leur précocité pour valoriser l’azote présente dans les sols. Ces associations renforcent la fertilité des sols, quant à la pratique de la conservation elle permet d’accroître le stock d’eau, notamment par une gestion de celle-ci à la parcelle, forçant la racine de la plante à s’ancrer davantage dans la profondeur. Mais la lutte contre les effets de la sécheresse passe également par les avancées technologiques ; la recherche de plantes plus résistantes et moins gourmandes en eau dans un sol aride ; c’est le cas du sorgho qui pourrait remplacer le maïs dans l’alimentation animale, sachant cependant qu’il donne moins de fourrage ; le choix des semences par la biotechnologie, technique scientifique visant à améliorer la résistance de la plante et à la rendre plus performante malgré le manque d’eau ; la sélection génétique végétale qui pourrait réduire jusqu’à 30% la consommation d’eau du maïs notamment, ce qui demande une recherche approfondie malgré les réticences des ONG ultra écologistes considérant que cela s’assimile aux OGM, technique d’ailleurs qui jusqu’à présent n’a débouché sur aucune conclusion quant aux risques potentiels, si ce n’est que les actions d’arrachages anti OGM et le poids des groupes dits écologistes a empêché toute poursuite réelle des études …

Ceci étant, comme l’affirme le Parti Radical, qui fut rappelons-le à l’initiative de la première association de défense « paysanne » au début du XXème siècle, dans l’intérêt du pays, de l’avenir de nos exploitants, et évidemment de nos concitoyens, il est essentiel de s’engager avec détermination dans une politique offensive pour une agriculture responsable, durable, soucieuse de notre planète mais toujours vivante et performante.

 

Document de réflexion issu du comité programmatique Agriculture et ruralité -juillet 2023

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