David Valence : Transports en milieu rural, « Si on ne fait rien, d’autres lignes de train fermeront »Â
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INTERVIEW – Pour le vice-président de la région Grand Est et délégué aux transports, David Valence (mouvement radical), la mobilité est un enjeu capital.
LE FIGARO. – La mobilité dans nos territoires ruraux est-elle un sujet majeur?
David VALENCE. – La crise des «gilets jaunes» est née du besoin de se déplacer. Or les réponses apportées à ce mouvement ont été sociales. Il faut trouver des solutions pour désenclaver ces régions. La mobilité doit être l’un des trois enjeux majeurs des prochaines années.
Pourtant, on a fermé nombre de petites lignes de train…
Depuis trente ans, priorité a été donnée au TGV. Nombre de petites lignes ont été fermées et de nombreuses autres, peu modernisées. Les régions les plus touchées sont la Nouvelle-Aquitaine, l’Occitanie. Pour chacune d’elles, 1 milliard d’euros est nécessaire pour rénover le rail. Pour le Grand Est et la région Auvergne-Rhône-Alpes, il faut trouver 900 et 800 millions d’euros. Si on ne fait rien, d’autres lignes fermeront.
Comment la situation peut-elle s’améliorer ?
Le gouvernement a le mérite d’avoir mis sur la table le problème et veut trouver une stratégie globale. Dans cette perspective, un rapport sur le sujet – le rapport Philizot – lui a été remis et sera rendu public cet automne. Le grand défi est d’ordre financier: comment payer les travaux sur des lignes moins fréquentées? Débattue au Parlement en septembre, la loi d’orientation des mobilités (LOM) offre une solution. Les régions vont pouvoir lancer des marchés pour des travaux pris en charge par des entreprises autres que SNCF Réseau. Une mise en concurrence pour obtenir des prix moins élevés.
«Aujourd’hui, faire rouler un train coûte environ 200.000 euros par an. Si on obtient un coût plus faible, les régions pourront alors acheter plus de trains»
Les petites lignes en service répondent-elles à la demande ?
On relève parfois des horaires d’employés de préfecture avec deux trains le matin et un autre le soir. Aujourd’hui, 70 % des gens se déplacent pour d’autres raisons que le travail. Il faut donc plus de trains répartis dans la journée.
Comment améliorer l’offre ?
Depuis la loi pacte ferroviaire, votée l’an passé, les régions peuvent recourir à la concurrence pour faire rouler les TER, mission jusqu’alors confiée à la SNCF. Aujourd’hui, faire rouler un train coûte environ 200.000 euros par an. Si on obtient un coût plus faible, les régions pourront alors acheter plus de trains.
Va-t-il y avoir une période de transition compliquée ?
Le temps que ces nouveaux modèles économiques se mettent en place, la situation va être tendue, avec de vrais risques de suspension de nouvelles lignes.
Y a-t-il des problèmes de correspondance entre bus et trains ?
Depuis deux ans, les régions gèrent les cars, jusqu’alors de la compétence des départements. Elles héritent donc de marchés toujours en cours. Même si elles souhaitent améliorer les correspondances, ce travail va prendre du temps. Il faut attendre que ces marchés arrivent à échéance.
Quel est le nouveau rôle des régions ?
Avec la LOM, et par le biais de contrats opérationnels de mobilité, elles vont définir des bassins de mobilité plus grands que ceux des métropoles. Tous les acteurs concernés devront se mettre autour d’une table pour notamment faciliter l’accès des ruraux à nos villes.
Faut-il aussi se tourner vers la voiture ?
Il faut soutenir le covoiturage et la création de parkings. L’autopartage est une autre solution. Des villes mettent à disposition des citoyens des véhicules de leur parc public. Il faut maximiser l’usage des voitures peu utilisées.