Interview de Laurent Hénart dans Le Figaro – 31/07/19

Publié le mercredi 31 juillet 2019

Laurent Hénart: «Élargir la majorité c’est savoir faire de la place à des maires qui souhaitent la réussite du quinquennat»

Par Tristan Quinault-Maupoil
Mis à jour le 30/07/2019 à 19h44 | Publié le 30/07/2019 à 19h39

INTERVIEW – Le président du Mouvement radical attend «des gestes concrets» de la part de LREM concernant les investitures aux municipales.

LE FIGARO. – LREM a commencé à investir ses candidats pour les municipales. Comment se déroulent les discussions avec la majorité?

Laurent HÉNART. – Ces discussions sont franches et fréquentes, mais pas toujours simples. Je dis à La République en marche que les élections municipales seront un moment de vérité. Est-ce une majorité tentée par le parti unique comme toutes les précédentes ou veut-elle afficher sa diversité grâce à des partenaires qui conservent une marge de manÅ“uvre? Les européennes ont prouvé que des partis différents et des personnalités sans étiquette, dont des écologistes, pouvaient se retrouver pour un projet commun. Alors que la majorité dit vouloir continuer à s’élargir, des gestes concrets sont attendus.

Dans quelles villes les négociations sont-elles compliquées?

Quand des maires sont partenaires des politiques de l’État depuis deux ans, que beaucoup se sont engagés dans la campagne des élections européennes pour la liste Renaissance, il serait logique que les discussions aboutissent. Je pense à Bourges, Montélimar, Niort et Tours. La République en marche est un jeune parti et je comprends que ses militants soient très déterminés. Mais élargir la majorité c’est savoir faire de la place à des maires qui souhaitent la réussite du quinquennat, et qui surtout ont prouvé par des politiques locales efficaces qu’ils participaient à la modernisation du pays, en dépassant les clivages partisans, et avant l’élection d’Emmanuel Macron.

» LIRE AUSSI – Laurent Hénart: «Je suis favorable à une liste qui dépasse nos divergences nationales»

Les sondages montrent que les Verts ont le vent en poupe, craignez-vous qu’ils aident la gauche à conquérir Nancy? Serez-vous candidat à votre réélection?

Nous ne sommes pas encore dans le temps des candidatures. Je comprends la mobilisation de nos concitoyens pour l’écologie et je la partage. L’écologie est une chose trop sérieuse pour la confier à un seul parti, et je constate d’ailleurs qu’à Nancy, les Verts sont toujours dépendants du PS. J’ai mené une concertation toute l’année 2018 sur la transition écologique avec les habitants, les entreprises et en partenariat avec l’Université de Lorraine. Nous avons déterminé une feuille de route de 30 objectifs pour 2030, 90 propositions que nous mettons en œuvre dès cette année.

«La charpente des radicaux, ce sont ses élus locaux. Nous sommes le lieu idéal pour faire travailler des maires venus d’horizons différents»

Laurent Hénart

Le Mouvement radical souhaite profiter des municipales pour faire des propositions sur la décentralisation…

Le Mouvement radical a écrit à plusieurs milliers de maires, divers gauche, divers droite ou sans étiquette, pour la plupart issus de petites communes. J’appelle tous les maires à participer à nos journées d’été les 31 août et 1er septembre à Bordeaux pour élaborer ensemble des propositions pour un acte 3 de la décentralisation, aussi ambitieux que ceux de 1982 et 2004. À l’automne, nous poursuivrons notre démarche avec des ateliers dans toutes les régions qui aboutiront à une proposition de loi portée par nos 40 parlementaires. La charpente des radicaux, ce sont ses élus locaux. Nous sommes le lieu idéal pour faire travailler des maires venus d’horizons différents. Nous leur disons qu’il ne faut pas tout attendre du gouvernement, que nous devons nous prendre en main pour faire des propositions.

C’est une manière de renouer entre l’exécutif et des élus locaux déçus par le début du quinquennat?

Les maires sont pragmatiques. À partir du moment où l’État fait confiance à ses élus, qu’il propose des compétences nouvelles, qu’il bâtit un pacte clair sur le plan juridique et financier, alors la confiance sera retrouvée. L’une des mesures phrares du quinquennat d’Emmanuel Macron doit être une nouvelle étape de décentralisation pour redonner énergie et fierté aux territoires. C’est en rapprochant le pouvoir politique des gens et du terrain que l’on pourra réformer en profondeur la France.

Quelles devraient être les priorités de ce nouvel acte de décentralisation?

Les deux sujets sur lesquels nous pouvons aller très loin, c’est l’emploi et l’écologie. Je pense que l’on peut transférer complètement les politiques d’emploi et d’insertion au couple régions-intercommunalités. Pôle emploi pourrait lui-même être dirigé depuis les territoires. Les mairies qui pour l’environnement veulent être plus exigeantes que la réglementation nationale doivent pouvoir conduire librement leur expérimentation. Je le vois à Nancy et en Lorraine, économie et écologie sont les deux leviers d’une plus juste répartition des richesses et des habitants entre les villes et les villages.