Laurent Hénart : «Je veux des radicaux indépendants», interview parue dans le Figaro – 14/09/2020

Publié le mardi 15 septembre 2020

INTERVIEW – Le président du Mouvement radical souhaite un débat de fond en amont de toute éventuelle alliance politique.

LE FIGARO. – Le premier ministre veut une «maison commune» des partenaires de la majorité. Saisissez-vous cette main tendue ?

Laurent HÉNART. – Le choix qui a été fait par le Mouvement radical lors de ses derniers congrès depuis 2017, c’est l’indépendance politique. On aura un nouveau congrès le 7 novembre. On verra si cette ligne d’indépendance est confirmée, accentuée, ou s’il faut participer à une alliance plus vaste. Pour ma part, je continue de porter la même ligne. Je veux des radicaux indépendants, et partenaires de la majorité quand des sujets nous rassemblent. Sur l’Europe et la relance, nous avons une vision partagée. Nous avons aussi exprimé nos différences sur les collectivités territoriales, la politique sociale et la laïcité.

Vous excluez de vous fondre dans une fédération, comme le propose Stéphane Séjourné ?

L. Hénart : J’entends que certains veulent élargir la majorité présidentielle. Il ne faut pas mettre la charrue avant les bœufs. Une opération d’alliance électorale uniquement pour les départementales et les régionales, ça n’a pas de sens aux yeux de nos concitoyens sans une vision partagée de la société et des choix collectifs sur le long terme. Les Français sanctionneraient une alliance politique qui leur apparaîtrait comme un simple replâtrage. Si les lignes doivent bouger et si des alliances plus profondes doivent être scellées, alors il faut vouloir un débat de fond et lui donner du temps.

Suivrez-vous la même stratégie électorale que LREM aux départementales et régionales ?

L. Hénart : Je rappelle les difficultés majeures rencontrées par les radicaux lors des municipales, notamment à Bourges. À Tours comme à Montélimar, un candidat LREM a même été investi contre nos maires. Ça n’était pas la conduite d’un allié. Et nous avions compris qu’après les européennes, lors desquelles nous nous étions retrouvés autour d’un projet commun, chacun exerçait son indépendance. À l’heure de la décentralisation, la logique – à chaque territoire son projet, sa liste et ses alliances – peut naturellement s’appliquer aux élections locales à venir, départementales et régionales.

Au Sénat, LREM lorgne les autres groupes. Êtes-vous prêt à diluer le groupe RDSE ?

Non. L’objectif est de bâtir un groupe qui assume et affiche son identité radicale à partir de celui déjà existant, le RDSE. Aucun sénateur en place ni aucun de nos candidats n’envisage de rejoindre le groupe LREM. Notre indépendance politique doit s’organiser au Parlement.

Quel est l’agenda des radicaux pour 2022 ?

C’est l’autre enjeu de notre congrès. Nous donnerons le top départ de la préparation du manifeste radical. Nous allons revisiter nos grands principes et les confronter à la réalité d’aujourd’hui pour faire des propositions solides aux Français en 2022. Face aux crises qui s’accumulent, sanitaires, économiques, sociales et civiques, un nouveau monde reste à inventer. On ne va pas jouer un rôle dans le débat présidentiel et législatif sans une doctrine. Il faut redonner une charpente au débat public. Les radicaux doivent y contribuer. Nous ne pouvons nous satisfaire d’un débat flottant monopolisé par les extrêmes. Contre eux, nos premières armes seront nos idées.

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