Bertrand PANCHER est député de la Meuse (1ère circonscription) et président du groupe Libertés et Territoires.
Communication : Comment vous est venu ce goût de la politique ?
Bertrand PANCHER : J’ai toujours été engagé, depuis tout jeune. Je me demandais ce que j’allais faire plus tard, où est-ce que j’allais pouvoir agir pour les autres : dans l’humanitaire, l’économie… Progressivement, j’en suis arrivé à la conclusion que le mieux était de prendre des responsabilités politiques afin d’améliorer la vie des gens.
Com : Considérez-vous avoir atteint votre objectif de servir les autres ?
B.P. : Très partiellement. Il y a des choses à notre portée et d’autres non. Il faut être humble dans notre engagement, quel qu’il soit. Je suis frappé par l’hyperconcentration des pouvoirs au président, accélérée par le quinquennat. Le parlement et les collectivités ont du mal à exercer leur mission. Quand on est parlementaire, il faut pouvoir utiliser le peu de pouvoir à notre disposition pour contribuer à changer le cadre de décision. J’ai la chance d’être président de groupe et de pouvoir ainsi profiter de plus de moyens d’action comme d’une couverture médiatique plus importante. Dans l’opposition, il faut travailler sur le modèle de demain qui permettra réellement d’avancer plus vite dans cette soif de satisfaction pour nos concitoyens.
Com : Pour les enfants qui s’interrogent sur leur avenir, comme vous l’avez fait plus jeune, les encourageriez-vous à devenir parlementaires plus tard ?Â
B.P. : La fonction s’est considérablement dégradée. On ne fait plus carrière en politique. Il existe peu de passerelles entre l’engagement politique et d’autres engagements professionnels. Cela n’est qu’un des scandales de notre fonctionnement démocratique. Dans les autres pays, au bout d’un ou plusieurs mandats il existe des équivalents de compétence (fonctions dans d’autres administrations ou entreprises). Ce n’est pas le cas en France. J’ai connu beaucoup de collègues qui ont vécu douloureusement des pertes de mandats. Pour pouvoir s’engager dans ce monde si dur, il faut être animé par un grand enthousiasme, un grand sens de l’abnégation, et ne pas s’attendre à en retirer des bénéfices quelconques.
Com : Quel est le rythme typique d’un député ? Â
B.P. : La pandémie a changé la donne, car j’ai pu être disponible une partie des weekends. En temps normal, c’est un travail du lundi jusqu’au dimanche matin et des horaires qui n’en finissent jamais. Un député n’a pas de limite dans le travail : on n’arrivera jamais à rencontrer tous les gens qu’on souhaite voir. Nous percevons 5000 euros net d’indemnités par mois en travaillant l’équivalent d’un double 35 heures. J’ai été à la fois élu local et élu national, j’ai pu me rendre compte que « l’élu bashing » est très néfaste à notre fonctionnement démocratique. C’est difficile de s’épanouir dans le travail de parlementaire, car notre parlement est l’un des moins respectés dans le monde par le pouvoir, il ne contrôle pas l’exécutif. Je propose une révolution girondine et un rééquilibrage des pouvoirs. La seule solution c’est la généralisation de la proportionnelle afin que le président de la République soit obligé de négocier avec des alliances politiques.
Com : C’est une période difficile pour beaucoup de nos concitoyens, comment envisagez-vous le futur ?
B.P. : Nous sommes dans une époque qui va demander des choix radicaux de réorientation du modèle de société. On ne peut plus continuer à vivre comme actuellement sur le plan environnemental, social et avec de telles inégalités de richesses. Notre système est au bout du bout. Proche de la retraite, je pourrais me dire que cela ne me concerne plus. Mais on ne peut pas laisser aux générations futures un monde hideux et bourré de menaces. L’heure est au réveil collectif pour un monde différent et plus humain. Mon engagement au Mouvement Radical prend un sens tout particulier. C’est un appel à l’engagement, à l’anti-repli sur soi-même et l’anti-individualisme. Il y a de beaux jours pour ceux qui veulent porter un nouveau modèle de société.