1860-1870 : Le Radicalisme s’Oppose au Second Empire

Publié le mardi 23 février 2016

Le coup d’Etat ouvre la voie au Second Empire en 1852 et réduit les radicaux au silence. Mais l’opposition au régime autoritaire va ranimer le mouvement.

Le courant radical s’organise alors autour de Léon Gambetta et Jules Simon. Député en 1863, ce dernier publie sous le titre « La Politique Radicale » un recueil de discours qui définit le radicalisme et en explicite le programme.

Gambetta s’affirme lui en 1868 comme leader naturel du nouveau parti républicain. Brillant avocat, il fustige le régime impérial dans un grand procès politique. L’année suivante sa candidature aux législatives se fonde sur le fameux « programme de Belleville » qui vise à élargir les libertés publiques et à étendre le principe électif.

« Citoyens,
Au nom du suffrage universel, base de toute organisation politique et sociale, donnons mandat à notre député d’affirmer les principes de la démocratie radicale et de revendiquer énergiquement :

  • L’application la plus radicale du suffrage universel tant pour l’élection des maires et des conseillers municipaux, sans distinction de localité, que pour l’élection des députés ;
  • La répartition des circonscriptions effectuée sur le nombre des électeurs inscrits ;
  • La liberté individuelle désormais placée sous l’égide des lois et non soumise au bon plaisir et à l’arbitraire administratifs ;
  • L’abrogation de la loi de sûreté générale ;
  • La suppression de l’article 75 de la Constitution de l’an VIII et la responsabilité directe de tous les fonctionnaires ;
  • Les délits politiques de tout ordre déférés au jury ;
  • La liberté de la presse dans toute sa plénitude ;
  • La suppression des brevets d’imprimerie et de librairie ;
  • La liberté de réunion sans entraves et sans pièges avec la faculté de discuter toute matière religieuse, philosophique, politique ou sociale ;
  • L’abrogation de l’article 291 du Code Pénal
  • La liberté d’association pleine et entière ;
  • La suppression du budget des cultes et la séparation de l’Eglise et de l’Etat ;
  • L’instruction primaire laïque, gratuite et obligatoire avec concours entre les intelligences d’élite, pour l’admission aux cours supérieurs, également gratuits ;
  • La suppression des octrois, la suppression des gros traitements et des cumuls et la modification de notre système d’impôts ;
  • La nomination de tous les fonctionnaires publics par l’élection ;
  • La suppression des armées permanentes cause de ruine pour les finances et les affaires de la nation, source de haine entre les peuples et de défiance à l’intérieur ;
  • L’abolition des privilèges et monopoles, que nous définissons par ces mots : primes à l’oisiveté ;
  • Les réformes économiques, qui touchent au problème social dont la solution, quoique subordonnée à la transformation politique, doit être constamment étudiée et recherchée au nom du principe de justice et d’égalité sociale. Ce principe généralisé et appliqué peut seul, en effet, faire disparaître l’antagonisme social et réaliser complètement notre formule : LIBERTE, EGALITE, FRATERNITE ».